À nouvelle édition, nouveau principe de sélection : toutes les séries découvertes en 2011 ont été prise en compte, quelque soit leur nationalité ou leur année de diffusion.
Après tout, je suis la preuve vivante qu’il n’est jamais trop tard pour s’y mettre, et que certaines frontières ne se situent pas forcément là où on les imagine. Il n’y a clairement rien d’anodin dans le fait de m’être intéressée à Glee alors que Dramaland récupérait la tendance avec pas moins de 4 séries estampillées « comédies musicales » l’an passé. Ou bien encore d’avoir renoué avec la fiction cathodique occidentale via Firefly ou Misfits, qui à l’instar de leurs homologues asiatiques, ne comptent que très peu d’épisodes.
Sur ce, que les premiers nominés s’avancent !
Meilleur Série, Meilleur Réalisateur (Nobuo Mizuta), Meilleur Scénario (Yuji Sakamono)
→ MOTHER
Et oui, trois en un, rien que ça.
Un an s’est déjà écoulé depuis la découverte de ce drama, pourtant il m’est toujours aussi difficile d’en parler… Dieu sait que mes préjugés sur les productions japonaises sont grands, mais cette série m’a bouleversée.
C’est avec justesse et intelligence que Yuji Sakamono aborde le sujet de la maltraitance et interroge dans la foulée, la notion de parentalité. Un point clé, au vu de la responsabilité que ce rôle incombe, mais que la plupart des fictions traitant du même thème, s’applique à éviter. Ici, aucune place n’est laissée au misérabilisme ou à la diabolisation. Encore moins à la complaisance. L’auteur explore jusqu’au bout les conséquences des choix et des prises de positions des personnages, soient-t-ils (im)moraux, (il)légaux ou simplement de cœur.
De son côté, Nobuo Mizuta nous offre une mise en scène aux compositions gracieuses et aux couleurs chatoyantes. Pour autant, son savoir-faire reste toujours au service de l’histoire. Exemple ? La façon dont les situations de sévices sont abordées. Le pire n’est jamais montré : on a l’avant, l’après, jamais l’entre deux. Un parti pris brillant qui renforce le réalisme des abus, car on oublie trop souvent qu’une des caractéristiques essentielle de la maltraitance est qu’elle se fait toujours à l’abri des regards et qu’elle s’enrobe d’un silence de plomb. Un trou noir en somme.
Je me suis longtemps demandée ce que le T de Mother mis en avant dans le générique, pouvait bien vouloir signifier. J’ai tout d’abord pensé à une référence christique. Hors le drama ne parle jamais de religion…
Faut-il alors prendre l’idée de sacrifice dans un sens plus universel ? En tout cas on peut certainement l’appliquer ici dans son sens le plus noble : protéger les êtres plus faibles en renonçant à ses propres intérêts, parce que l’on sait profondément et sans aucune ambiguïté, que c’est la juste chose à faire.
La raison peut nous avertir de ce qu’il faut éviter, le coeur seul nous dit ce qu’il faut faire. (Joseph Joubert)
Voie parallèle : Polisse (2011) écrit et réalisé par Maïwenn.
Tout comme Mother : nécessaire. Parce qu’on peut aborder des sujets « difficiles » avec sensibilité et humour, tout en impliquant le spectateur.
Meilleure Actrice → Mana Ashida (Mother)
À peine 6 ans au moment du tournage et mazette quel talent.
Soyons honnêtes, on demande souvent peu aux enfants acteurs si ce n’est d’être adorables. Mais heureusement, de temps à autre, des petites perles comme Mana nous rappelle que leur palette émotionnelle ne se réduit pas à la taille d’une simple sardine.
Elle incarne avec une authenticité troublante, cette petite fille abusée à l’âge le plus tendre, naviguant entre innocence irréductible et lucidité confondante.
Le drama ne montrera jamais le visage de Rena adulte, même au moment de l’épilogue et pour cause : après avoir traversé 11 épisodes au côté de ce personnage, tout ce qui fait sa force et sa fragilité est indissociable de Mana. Rena c’est elle et personne d’autre.
Meilleure Acteur → James Marster (Buffy the Vampire Slayer)
Passons maintenant à un tout autre registre, avec le vindicatif, obsessionnel, sentimental, révoltant, borné, attentif, ridicule, sincère, manipulateur, drôle, passionné, pathétique, puéril, dévoué, perspicace, violent, cinglé, susceptible, dangereux et émotif Spike.
James Marsters glisse d’une facette à l’autre avec une aisance déconcertante et une crédibilité à toute épreuve. Un véritable tour de force qui réussit à rendre attachante voir même héroïque cette créature des enfers, engagée par choix sur la voie de la rédemption.
C’est sûrement ce dernier point qui m’a permis de finaliser ma sélection. J’ignore vraiment s’il est humainement possible de se racheter pour ses crimes. Mais au pays des chasseuses de vampires, j’y ai cru. Peut-être pour la toute première fois.
p. s : Mention spéciale pour James et sa capacité à faire oublier cette chevelure oxygénée. Oh. Bloody. Hell. Oui, en soi, c’est un exploit.
Révélation Masculine → Iwan Rheon (Misfits)
Lumineux… Comme un éclat d’innocence.
Cette description peut sembler contradictoire avec la discrétion voir l’effacement qui caractérise son rôle dans la série. Mais cela expliquerait aussi l’équilibre qu’Iwan a su préserver alors que son personnage Simon avançait en terrain on ne peut plus sinistre et douteux, avec ses tendances au voyeurisme ou à l’homicide involontaire.
Une belle incarnation de l’anti-héros qui gagne en assurance avec une logique surprenante. Ou quand la méthode HWBH (alias the Hard Way to Become a Hero) prouve encore une fois que l’héroïsme n’est pas un don inné mais bel et bien un choix.
Révélation Féminine → Sarah-Michelle Gellar (Buffy the Vampire Slayer)
Reléguée (un peu trop vite je l’admets) dans la catégorie superficielle et un peu garce depuis 10 ans maintenant, je réalise que le soucis venait du fait de ne l’avoir jamais vu dans l’environnement adéquat : le petit écran.
Car c’est sur la longueur que son talent prend tout son sens. Sarah-Michelle assure pendant pas moins de sept ans l’interprétation d’une guerrière des temps modernes, avec une certaine « plasticité » mais qui ne doit par faire oublier la fidélité, l’humour, l’émotion et la chaleur dont elle a su faire preuve par ailleurs. Chapeau bas à cette actrice marathonienne dont la constance ne rime jamais avec redondance.
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